Les bâtisseurs du Causse ont su faire preuve d’une grande originalité pour adapter leurs constructions au milieu, si bien que l’on peut parler d’un style caussenard. L’architecture du causse est fondée sur l’utilisation du seul matériau disponible, la pierre calcaire.
L’arc et la voûte sont les éléments les plus caractéristiques et les plus spectaculaires de l’architecture caussenarde, liés à une faible occupation de l’espace au sol et une disposition en hauteur et on trouve souvent deux, voire trois, voûtes superposées. Ce style est employé pour l’ensemble des bâtiments (maison, bergerie, granges et annexes), accompagné de tout un répertoire de formes uniques et variées. La maison caussenarde obéit à un schéma simple et général : elle superpose citerne, bergerie, habitation et grenier sous le même toit.
Au rez-de-chaussée, la voûte de la bergerie est en plein-cintre, parfois surbaissée pour agrandir le volume utile. Elle isole l’étage des vapeurs d’amoniaque que dégage le troupeau. Elle permet par ailleurs de maintenir un certain équilibre thermique face aux importantes variations climatiques. La bergerie et sa voûte constituent ainsi un « matelas » isolant appréciable pour l’habitation, dans une construction sans fondations, reposant directement sur le sol. Elle se présente sous la forme d’un long tunnel voûté, éclairé par d’étroites ouvertures verticales.
Au-dessus de la bergerie, une voûte en ogive couvre l’habitation et supporte la toiture. Cette forme verticale d’ogive épouse au plus près les pentes du toit et offre un volume plus facilement aménageable. L’intersection des deux voûtes, sur un espace carré, produit une voûte d’arêtes, système appréciable car reposant sur quatre points d’appui, et non sur des murs continus. On peut donc libérer de grandes ouvertures, économiser des pierres et gagner de l’espace. Ces voûtes sont presque indestructibles, même quand leur couverture a disparu.
On accède à l’habitation par un escalier extérieur et un perron, portés par la voûte d’entrée de la bergerie. Ce perron (balet), souvent coiffé d’un toit, on entre directement dans la cuisine, véritable « salle de séjour » de la famille. La cheminée est monumentale, occupant généralement tout un mur. Une niche évidée dans un mur contient l’évier de pierre, toujours éclairée par une petite fenêtre. Selon les cas, une ou deux chambres font suite à la cuisine.
La toiture est couverte de lauzes, plaquettes calcaires taillées en écailles, de 2 à 5 cm d’épaisseur, 30 à 40 cm de long, 20 à 25 cm de large. Préparées au sol, elles sont posées en rangs horizontaux et calées avec de la terre et de la pierraille. Les lauzes de bordure sont les plus larges, maçonnées au faîte du mur. Puis chaque rangée vient recouvrir aux deux-tiers la rangée inférieure. Sur le causse, l’emploi de la voûte de pierre permet de supporter le poids d’une telle toiture (les murs porteurs sont larges, environ 1 mètre) et, l’étanchéité de la lauze étant toute relative, de garantir une meilleure isolation.
Sous celle du dernier étage s’ouvraient des lucarnes surmontées d’un petit toit en accent circonflexe, particularité du style caussenard. Certaines maisons caussenardes pouvaient également se voir nanties d’un pigeonnier.
La maison rurale dispose d’une citerne d’alimentation en eau. L’eau de pluie y est récupérée des toits par des chéneaux, jadis en bois, courant le long des murs et reposant sur des corbeaux de pierre. Aujourd’hui, souvent, seuls ces derniers subsistent.
En aucun cas, l’habitat ne saurait empiéter sur les rares et précieuses terres cultivables. Les maisons sont construites le plus souvent sur les terres arides, ou même directement sur le rocher, en bordure des terres labourables. D’autre part, le climat rude et la faiblesse des protections naturelles contre les intempéries, ont contraint les hommes à profiter de la moindre cuvette pour construire la ferme, qui se ramasse sur elle-même en tournant le dos au nord pour s’ouvrir largement vers le sud et l’est. Les différents bâtiments sont répartis en U autour d’une cour qu’ils abritent ainsi du vent.
Sources : « Maisons du Larzac« , éditée par l’Ecomusée du Larzac (texte de Nicole Andrieu et Jean Milleville)