Son ancien nom était « Saint-Geniez de Vertenan ». Le chanoine HERMET écrivait en 1929, que dans la région, on appelait aussi ce village « St-Geniez des Pérous », à cause de l’abondance de petites poires en ces lieux. >Saint-Geniez a eu, dès l’époque féodale, ses Seigneurs, mais l’hommage et les droits de toute justice, appartenaient à l’Evêque de Rodez, puis celui de Vabres, après la création de ce dernier évêché en 1317. Pour la haute justice il semble bien qu’il l’ait eue en indivision avec la famille de seigneurs locaux, les Cresseils puis leurs successeurs.
Ces co-seigneurs exerçaient la justice par un juge, ils avaient un procureur juridictionnel, officiers qui ne résidaient pas en général sur les lieux, à la différence du baille, sorte d’officier de police local. Les fourches patibulaires, insigne de la haute justice, se dressaient sur « le Puech de Verdus », au Larzac.
La famille de Creissels, qui fût la première à posséder la seigneurie et le château de St-Geniez, eurent pour successeurs, au XVème siècle, les nobles Ricard, venus de Peyrelade, puis les Garceval, au XVIIème siècle. Au XVIIIème siècle, les biens des Garceval, par suite du mariage de leur dernière héritière, passèrent aux Lastic Saint-Jal, dont la dernière héritière, à son tour, par son mariage avec François de Levezou de Vezins, apporta tous ses biens, y compris Saint-Geniez, à la famille de Levezou de Vezins, qui le possédait encore à la Révolution.
La propriété la plus importante des seigneurs de Saint-Geniez était le château. Cette construction, est typique du château repaire, c’est-à-dire une maison seigneuriale fortifiée mais non entourée d’une enceinte propre et construite dans un site dépourvu de défense naturelle. Les bâtiments s’ordonnent autour de la cour centrale. En façade, la tour de gauche remplit la fonction symbolique de donjon. Le château comporta un fossé, alimenté (autant qu’il pouvait l’être sans doute) par les eaux du torrent du Théron, affluent de l’Avencou. C’est du XVème siècle qu’il faut dater le splendide corps de logis, long de 10 mètres en façade et profond de 23, qui forme l’aile du repaire. L’église occupe le côté gauche, et en arrière un bâtiment moderne a remplacé une construction plus ancienne. La porte centrale de la façade était défendue par une archère canonnière (fin XVème siècle) et des mâchicoulis. De plus, une ceinture de ces mâchicoulis, dont le parapet, percé d’ouvertures rectangulaires, est pratiquement intact, couronne l’édifice, cernant même les échauguettes d’angle qui agrémentent cette massive construction. La porte déjà mentionnée est en arc brisé, surmontée de ce qui reste d’un écu armorié totalement mutilé. Des fenêtres et croisées Renaissance ont été ménagées, au XVIème siècle, dans le premier étage du corps de logis tandis que le rez-de-chaussée, comme il était d’usage, ne possède que de petites ouvertures.
Durant les guerres de religions toutes les églises des environs ont été pillées ou ruinées par « les Huganaulx », Compeyre, Creissels, Saint-Georges, Luzençon, Creyssac, Peyre, Comprégnac, Saint-Rome de Cernon, Tiergues, Olonzac, La Bastide Pradines, Saint-Pierre de Gourgas, Lapanouse de Cernon mais pas celle de Saint-Geniez. Le seigneur fait remarquer que cette défense de l’église n’a été possible que parce qu’elle était toute proche du château.
La famille De Vezins, n’ayant pas émigré, ne fut pas spoliée de ses biens de droit civil par la Révolution (celle-ci ne lui fit perdre que ses droits et redevances de droit féodal). Elle vendit le château de Saint-Geniez, entre 1850 et 1860, à M. De Gissac. Les De Gissav, le revendirent en 1920 à la famille MAURY, qui l’habite actuellement. Il s’y trouvait, des cheminées armoriées, dont certaines ont été vendues.
A la révolution, la commune fut maintenue mais son nom, trop chrétien, fut remplacé par celui de Lavencou, emprunté au ruisseau qui arrose la localité. La commune appartint alors au canton de la Cavalerie, qui ne comprenait que la Cavalerie, l’Hospitalet du Larzac et Lavencou. Mais en 1800 la réorganisation administrative du premier Consul fit disparaître le canton de la Cavalerie, ainsi que la commune de Lavencou. Saint-Geniez recouvra son nom traditionnel et fut rattaché à Saint-Georges. La population vivait, avant tout de la terre, par la culture (céréales, vignes) et l’élevage mais aussi par les mines.
Sur l’importance de la population de Saint-Geniez, on sait qu’en 1349 la paroisse comptait 57 feux, mais le feu étant déjà à cette époque une simple unité fiscale, on ne peut tabler sur ce chiffre pour évaluer le nombre d’habitants. Outre l’agglomération principale, il y avait quelques hameaux ou « villages ». Sénil, par exemple, en était un (aujourd’hui simple quartier de Saint-Geniez). Il y avait aussi Séral, Virazels, Las Pauses,… En 1868, le dictionnaire des lieux habités de l’Aveyron, indique, pour Saint-Geniez, 208 habitants ; pour Séral, 36 ; pour Virazels, 16. Actuellement la population, l’hiver, est environ d’une cinquantaine d’habitants.
Le bassin du Larzac est le seul secteur en France où la houille stipite a été exploitée et il figure aussi parmi les régions où l’exploitation a été la plus ancienne : ainsi la mine de Saint Geniez de Bertrand (siutée à Sérals) a été exploitée au moins depuis 1377 : on y rechercha d’abord la couperose ou vitriol (sulfate divers). Elle fit l’objet à la fin du XVIIIe siècle d’une véritable activité industrielle à laquelle il faut rattacher le nom du grand chimiste Chaptal
Ces mines comme toutes celles de notre région (Larzac, Vallée de la Dourbie, etc. . ) n’eurent jamais une grande importance. Le charbon pauvre, lignite, qu’on en extrayait, à une époque ou tout le monde se chauffait au bois, était destiné surtout aux forges, fours à chaux et autres artisanats. Une société de Secours Mutuels fut institué pour les ouvriers et employés des mines de Saint-Georges de Luzençon le 8 septembre 1895.
Ces charbonnières de Serals et de Saint-Georges ne paraissent pas avoir enrichi leurs exploitants successifs. Elles ont fonctionné, jusqu’après la guerre de 1914-18 et elles avaient repris un semblant d’activité pendant la guerre de 1939-45.
Outre les mines, il faut signaler que Saint-Geniez avait un moulin, comme toute localité possédant un cours d’eau. En 1562, c’était un moulin bladier à deux meules, dont le meunier était Pierre Baldoyn, du village de Sénil. Ce moulin appartenait au seigneur, qui le louait au meunier.
Saint-Geniez sous l’ancien régime, possédait une école, dont le local était loué et le régent appointé aux frais de la communauté. On payait aussi un sonneur de la cloche et l’entretien de l’horloge.
Saint-Geniez de Bertrand semble avoir été assez anciennement un prieuré dédoublé, c’est-à-dire ou le prieur et le curé étaient distincts. Le prieur l’administrait, percevait les revenus, assurait l’entretien du temporel mobilier et immobilier, et celui du curé, logement et nourriture. Le curé avait la charge des âmes autrement dit l’administration spirituelle de la paroisse. Il en était encore ainsi en 1562, au début de la crise protestante. Mais ensuite, à partir du XVIII ème siècle, la paroisse eut un prieur-curé, le même personnage assurant les fonctions de prieur et de curé.
D’après les notes de l’Abbé P.E. VIVIER, Jean DELMAS, André MAURY et Maurice MIQUEL
Photos : Jean-Claude Charrié
La construction de l’école communale publique et laique fut commencée en 1911 et achevée en 1918 . Le rez de chaussée, coté route, était occupé par deux salles de classe, une pour les filles et une pour les garçons, le premier étage et les combles étant destinés au logement des instituteurs. Elle devient une école à classe unique à partir des années 30 avant de fermer en 1960. La vigne, qui occupait une grande partie de la vallée coté Sud, a disparu, en grande partie, avec le phylloxéra en 1907.
Saint-Geniez de Bertrand, aujourd’hui
Il n’y a plus de curé depuis plusieurs dizaines d’années, l’ancienne école publique est devenue « La Communale » après avoir été durant de nombreuses années une colonie de vacances. La population du village, composée de retraités et de personnes travaillant à l’extérieur, croît l’été avec les résidences secondaires (le moulin, le presbytère et autres). L’activité sur place se limite à une seule exploitation agricole, qui fait de l’élevage ovin, et aux chalets de « Causse et Vallée »; les jardins, qui longent le Lavencou, sont tous occupés et particulièrement bien entretenus. Le château a été acheté en 2018 par Eric Molinié qui souhaite effectuer d’importants travaux de restauration.